
Paysages de Paul
Paysages de Paul (monologue 2)
Il avait interprété et casé un grand nombre de faits historiques. Il avait rencontré un expert à l'œuf sur bois de noyer. Il s'était interrogé sur la présence anachronique d'une fourchette, peinte au revers d'un triptyque. Il avait cherché les otaries
Il avait lu l'histoire inscrite dans les corps. Il était retourné trois fois dans les salles parce qu'il ne parvenait pas à savoir en quoi elles n'étaient pas intéressantes. Il avait cherché un ton apolitique pour résumer cinquante ans de maoïsme
Paul avait détaillé l'engraissement progressif du taureau espagnol. Il avait attendu trois semaines pour finalement écrire un verbe au conditionnel. Il avait hésité avant d'écrire “promis à l’évaporation”. Il avait photographié ses petits déjeuners
Paul faisait la différence entre la poisse et la pollution. Il s'était intéressé à une Bataille de Lépante, à l'hiver, aux mutiques, au roman, il avait fait des kilomètres pour monter sur un canon et voir un mimosa. Paul écoutait John Cage et Archive. Il avait bien fait de louer la voiture
Il avait photographié les fougères à l'automne éclairées par le matin. Il les remarquait, cadrans solaires exacts, vertes dans les virages orientés nord, jaunes ou bicolores dans les autres, au gré des soleils de la veille
En sentant les graviers rouler sous les pneus, Paul un instant
La première embardée l'emmena vers. Chaque tentative du volant donnait un. Paul regardait ses bras, quittait la route en lévitant. Une nouvelle embardée lui rappela le mouvement d'une, de manège, mais en plus sec, plus ample. Il vit le capot rouler dans. Se dit Là j'ai besoin d'une dépanneuse, je ne peux plus être seul dans la. Situation. Paul visualisa l'emplacement du contrat de location dans l'habitacle. Il se dit qu'il sera en retard, que c'était un et qu'il appellera pour
Paul vit le fossé surgir en haut du pare-brise. Vitres se brisèrent en commençant par les bords. Paul écouta bruit mat, sentit glissements lourds latéraux, puis affaissement général et le silence comme un réveil-matin
Paul remarquait la fluidité du corps quand il ne pèse rien. L'air autour était le même que dehors. Il dit Oh, la vache, et savait qu'il sortirait par la fenêtre du passager. Les bris de verre partout. Paul prit appui sur le frein à main et le dossier pour se hisser. Il regarda fixement le frein à, lui découvrit une utilité à laquelle il n'avait pas. Sa main sentit le tissu inoffensif, souple connu chaud rond, du dossier
La départementale surplombait un désert. L'air était tiède, Paul aurait voulu se reposer ici une heure ou d. Apaiser un désordre chimique et en même temps rester dans ce temps inconnu, l'interstice offert. P. s'agrippait au soleil, voulait fumer fêter ça mais corps savait d'avance, oscilles descentes, rampait vers de l'air.