À D.
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sous les bougainvilliers
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sont tombés la tombe à char, les dieux anonymes
le gobelet apode caréné et le disque perforé néolithique
sont dispersés le moule de hache et son noyau
la cruche à vin œnochoé et le fragment de propulseur gravé à trois têtes
par nous dans mille ans tomberont la voûte sur croisée d’ogives
la vis aérienne, la tête d’allumeur et le parc d’engraissement sur plan incliné
s’envoleront le bol Tupperware et son code-barres
le circuit imprimé et son logo illisible incrusté dans un fragment de béton
dans ce même vent restons disponibles, mains nues regardons
driiiing !
2h, place de la Trinité
la croûte terrestre surgit sous la forme d’un trottoir granitique constellé
de micas
nous marchons sur des années en arrière et le soleil intact est au sol
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atomisés la donnée numérique, l’inventaire cumulatif et la tuberculose
détruit le cheptel consentant alimenté par la machine
cramés la physiognomonie, la réduction au nombre et la surface
l'argent surnaturel et le cul de l'industriel fasciné par la mort
oubliés les maîtres du zugzwang et l’éblouissement des premières perspectives
envolées les fictions pharamines et la visibilité des alouettes
disparus la prédation des nécrophiles, le droit divin du grand crétin
et le gyrophare marquant les gueux sur l'Achéron
dans ce même vent restons disponibles ! Mains nues regardons
driiiing !
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2h, les années-lumière de la Grande Ourse
nous renvoient des cétacés, une jeune Himalaya
et l'idée qu'un moment la trace d’un futur de l’Homme
n'existe pas
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délaissés le crrri tue vie vomtourloupe par consanguinité
et le merdulateur crucipompe d’éthiques à icônes
oubliée la cruzertipine séparée du monde sauvage
effacée la sécurigole des verbulateurs de déchets
adieu le cri tue vie du vite impulse, perdus le bruyant exponentiel
les doubles nébuleuses et le cri nickelé du gorgeopathe
ripées la longe rituelle moite des sidéracolles
et les tomatuithes violacées du générateur d'options
mains nues regardons, mains nues regardons
criiiing !
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2h voire plus, je mange deux beautés
ces rescapées sont à moi
je les aime parce que je les vois
et que je les appétisse autant que toi
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sous l’odeur des bougainvilliers
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2022
